La lumière Gilardi est repartie

Publié le par JEROME GUEDJ

 

 
gilardi-2.jpgUne annonce retentissante, une mort brutale. Le choc est immédiat. Hier soir, Thierry Gilardi, journaliste sportif sur TF1, est décédé à (seulement !) 49 ans des suites d'un arrêt cardiaque.

Véritable passioné de foot, le commentateur a cultivé tout au long de sa carrière cet amour du ballon rond, ancré au plus profond de lui.
Pour tout le monde, il était avant tout le copain de salon, celui qui rentrait dans l'intimité des français, le bon pote toujours bienvenu chez nous à chaque match de l'Equipe de France ou des rencontres de Champion's League.

Bref un compagnon de route avec qui, surtout pour les jeunes, nous avons grandi. Son portrait-robot ? Une gaieté naturelle et envahissante au service d'une voix au timbre unique. Des yeux toujours pétillants. Bref, c'était la personnification de la bonne humeur, de la chaleur humaine. Cliché, me direz-vous ? Peut-être, mais les grands monsieurs ne le sont-ils pas toujours un peu...

Un parcours admirable

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Thierry Gilardi n'était pas seulement aimé des français. Dans le milieu du journalisme sportif, il était autant apprécié pour ses qualités humaines que pour son professionalisme.

De Charles Biétry à Jean-Michel Larqué, d'aucuns soulignent un homme rigoureux, un bourreau de travail alimenté par une joie de vivre innée.

Après des débuts encourageants à France-Inter, sa carrière prend un essor considérable au sein de la rédaction de Canal +. Il y passe d'ailleurs près de deux décénnies, de 1984 à 2006. Une longévité significative : ce diplômé de Sciences-Pô Paris a marqué tout une génération, et est à lui seul l'emblème de « l'esprit Canal » : transmettre, à travers le tube cathodique, la passion du sport. Gilardi, c'est l'Homme de la révolution football à la télévision lancée par Charles Biétry.

Il a bercé mon enfance de petit footballeur aux fils des Jour de foot  qu'il savait transformer en moments vibrants, des soirées Ligue des Champions faisant autant rêver les minots que les plus âgés. C'est d'ailleurs lui qui est à l'origine de la création de L'Equipe du Dimanche, seule émission française sur le foot européen.

En 2006, c'est la consécration. Comme un joueur qui change de club, il passe de Canal + à TF1 pour remplacer l'inamovible Thierry Roland, et acquiert ainsi un nouveau statut. N'ayant, personnellement, jamais compris ce choix, il n'en reste pas moins que Gilardi, à l'unanimité, était considéré comme « le plus grand commentateur de France ». Le choix s'imposait donc de lui-même pour TF1 et Charles Villeneuve, alors directeur des sports : il fallait prendre le meilleur !

Des commentaires marquants

 


S'il était autant reconnu dans ce microcosme, aussi attirant que vicieux qu'est le journalisme sportif, c'est qu'il savait allier passion dans le ton et immense professionalisme dans le verbe, ses commentaires prouvant tout le recul et l'intelligence de ce journaliste.

Marque des grands, il nous a laissé une longue série de commentaires mémorables. On se souvient tous de la cultissime phrase, prononcée sur Canal+, « La lumière est venue de Laurent Blanc », à propos du but de ce dernier contre le Paraguay, en huitièmes de finale de la Coupe du Monde 1998. Une performance inouïe, l'extrême majorité des spectateurs suivant le match diffusé sur TF1. Mais surtout démonstrative de tout le talent dont disposait le futur animateur de Téléfoot. A l'image aussi de tout le recul dans son commentaire, en direct, à chaud, résumant en quelques mots l'expulsion de Zizou au Mondial 2006 :  « Pas toi, pas maintenant, pas ça ».

Ce sont d'ailleurs ces mêmes mots qui me sont venus à l'esprit en apprenant la mort brutale de celui qui, grâce à son talent et sa passion contagieuse, a réussi à me faire suivre des matchs de rugby.
Thierry Gilardi, c'est pour moi la référence en journalisme sportif, mais  surtout celui qui m'a transmis ce virus apparemment incurrable.
Sans lui, France-Angleterre ce soir sera bien fade, l'Euro tant attendu n'aura plus le même parfum, et le journalisme sportif aura l'air bien morose ces prochains mois.

 


Publié dans ACTUALITE

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U
Tres bel article, bien redigé...
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R
trés émouvant et trés bien écrit
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G
Super article, très frais pour une nouvelle si triste on l'aimait tous Thierry GILARDI. La lumière part trop vite pour certain.Ta mère.Patricia G
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L
Jéjé, tu auras réussi à me faire pleurer avec ce post et même admiré cet homme que je connaissais finalement très peu ou inconsciemment en écoutant ses commentaires de foot mais sans voir son visage. Tu me le fais regretter parce que je le vois par tes yeux et ce talent-là c'est celui de l'artiste. Très beau papier.
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